Aller au contenu

Présentation du projet

L’objectif est de construire les bases d’une recherche comparative internationale sur les innovations sociales, techniques et organisationnelles portées par des communautés locales, à la suite de crises environnementales ou motivées par une cause environnementale. Il s’agit ainsi, sur la base d’analyses d’expériences et d’expérimentations situées, voire multi-situées, comprises dans leurs enjeux à la fois locaux, nationaux et internationaux, de construire des éléments d’interprétation communs de ces phénomènes envisagés dans un contexte de globalisation. Notre travail réinterroge les concepts de communautés, d’innovations sociales, organisationnelles et techniques au prisme des recompositions spatiales occasionnées par la mondialisation.

Brésil –

“La recherche se fait auprès  d’une communauté d’éleveurs de crevettes dans la région Nord-Est du Brésil. Cette communauté s’est vue menacée d’être interdite de continuer ses activités dans des zones de mangrove, considérées comme territoires de protection à la biodiversité marine par l’État brésilien.  À la suite d’ouverture d’un procès juridique, ces eleveurs ont pris contact avec des ingénieurs de Pêche de l’Université de Sergipe pour les aider à trouver une solution technique pour la question. Naitra ainsi un partenariat entre communauté et chercheurs universitaires pour mettre à jour une solution à la fois technique et sociale au poblème. On a ici l’opportunité d’étudier la construction d’une question publique au tour d’un problème environnemental, où  se tissent plusieurs enjeux : économiques, sociales, politiques et scientifiques.”

France – Cultiver des communautés avec les systèmes de paniers

Les systèmes de « paniers alternatifs » de l’agglomération lyonnaise réunis au sein du « collectif Raccourci » constituent notre terrain d’enquête. Cette forme de circuit-court qui réunit producteurs et consommateurs autour de l’échange de lots de produits alimentaires est chargé de « court-circuiter » le modèle agricole « productiviste » mondialisé et de « Maintenir une Agriculture Paysanne » (AMAP). Les paniers sont aussi chargés par leurs initiateurs de « recréer du lien » entre les habitants d’un même quartier, entre les mangeurs et leur environnement proche, etc. Un agir en commun est donc mobilisé autour des paniers comme ressource face à une crise environnementale globale, mais aussi sociale, économique, etc.

Notre question est donc la suivante : comment les paniers permettent de faire proliférer des communautés ? Notre propos vise à documenter la diversité de groupements qui se forment autour des paniers selon des registres et des échelles multiples, au sein : des structures (entre habitants, producteurs et consommateurs lors des distributions, visites de fermes, et réunions), de collectifs de structures situées sur un même territoire (Labruyère51, Raccourci, PIRAT, PTCE) et sur des échelles plus larges (MIRAMAP – fédération française des AMAP -, Urgenci – Réseau international des AMAP, etc.).

USA –

L’écovillage at Ithaca est une communauté de vie de 100 familles, situé dans l’Etat de New York aux USA, à 4 km de la ville d’Ithaca, et fonctionnant sur des principes écologiques. Elle est sortie de terre en 1996 et s’agrandit progressivement. A partir d’une observation participante, le projet inscrit dans COMVIT consiste à s’interroger sur les manifestations de liens à l’environnement différenciées au sein de la communauté, et qui contribuent à cimenter un certain art d’habiter un lieu (négociation de choix techniques pour le bâti, formes de propriété collective, organisation sociale innovante …).
L’enquête procède par entretiens non directifs de membres de la communauté, d’analyse de la littérature produite sur Ecovillage et de recherches sur le contexte (inscription dans les politiques publiques de l’Etat, et dans le voisinage) supportant cette expansion.

– Chili – Communautés rurales en cours de transformation

L’archipel de Chiloé, situé dans la X eme région du Chili, est reconnu comme une zone exceptionnelle de biodiversité et de richesses en ressources naturelles. On été étudié sur ce territoire les évolutions d’une société rurale traditionnelle basée sur l’articulation entre pêche, collecte sur l’environnement et agriculture de subsistance, vers la mise en place d’un cluster industriel salmonicole, faisant passer le Chili du niveau zéro production au rang de 2 eme producteur mondial en moins de 20 ans. Une crise sanitaire, économique et environnementale liée à cette industrialisation massive s’est installée dans les années 2006-08. Elle a entrainé la constitution de causes publiques : celle de la protection de l’environnement, de l’amélioration des conditions de travail, entre autres.

Le projet Comvit, nait de la volonté de comprendre comment les populations locales réagissent face à la crise. Localement, nous avons observé l’émergence de projets, dans le secteur agricole, qui rendent compte d’évolutions dans la manière de faire communauté de vie et de travail. Qu’il s’agisse de l’orientation de certaines exploitations vers l’agrotourisme ou de la volonté de certains agriculteurs de produire bio et de vendre leur produits collectivement, ces innovations organisationnelles et sociales donnent l’occasion d’observer l’articulation, parfois paradoxale, entre politiques publiques nationales et internationales dans un contexte de crise multiforme et diffuse.